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Le batel,

Le batel

inondé

Dans la barque de nos âmes tristement submersibles,

N’a ni cargaison ni gouvernail levantin

et nos bras sont les pagaies veules d’un horizon réminiscent

Perdu au sous-sol des pensées ignées.

Même les génies chavirent, aux rythmes des palpitations

étouffées, mais visibles, aux rythmes des palpitations

Néanties parce qu’implosantes.

Oui

Il faut que le bateau

Revienne à la source.

La source.

Quelle source ?

La source de nos âmes aquatiques.

De nos salives cérébrales

La source de nos sangs mêlés, de notre bile commune, la source de nos éjaculations antiques.

Nos éjaculations dont les rates disparues sont plus profondes que les ondes de nos mondes disparates.

Dispersés par la volonté.

Cette voleuse myope et opiniâtre dont il faut suffoquer

La résistible ascension

 

 

 

 

 

 

                                 Moïse Condé

 

Avoir mal au monde c’est naviguer, dérouté sur l’insubmersible paquebot dans les affres sanglantes des matins et des soirs. Avoir mal au monde c’est aimer, trop aimer, dans le danger, d’un amour psychiatrique, un amour madras, teinté de bleu, de rouge, de vert. Avoir mal au monde c’est être là, épuisé dans la curule, en pleine mer, larmoyant comme le saule, en ayant mal au monde en homme absurde, en lequel nul ne peut lire, embrassant la camarde et conscient de l’autolyse. Avoir mal au monde c’est descendre obombré par les inepties quand les pensées alunissent enfin. Avoir mal au monde, c’est plaider pour je mais également pour autrui dans la tristesse homérique de la jouvence. Avoir mal au monde c’est le respirer, respirer le monde, s’en enivrer, dans le dégout pléthorique du souverain mal incompris.

 

 

 

 

         Moïse Condé

Nous

 

Nous,

La terre,

Le recommencement

 

                                       M.C

 

Tombe neige

 

 

 

 

 

Tombe, tombe, tombe neige,

Par hiver jardins assiège,

Par hiver pelouse piège,

Qui matin mon cœur allège,

- Magnifique est tu pensé-je,

Sous les pas deviendra liège,

Tombe, tombe, tombe neige.

 

Moïse Condé

L’étoile filante

 

                                                                                                          L’étoile filante

Mes yeux illuminés

Puis le néant

 

Moïse Condé

Etreintes

 

Je chancèle

Poétique,

Sur tes lèvres

Archangéliques,

Soulève tes cheveux de feu,

M'empare de ton cou princesse,

Et l'ivresse de ton parfum

M'éveille vampire bohémien,

Quand tes doigts de fée assiègent mon crâne,

Tandis que tes paupières tombent, Lorsqu'enflammée

Tu semble manquer d'air au rythme de mes baisers.

 

Déesse ! Tu me tire sauvagement,

Et m'incarcère entre tes quatre membres.

Diable ! Me voila proie !

Ciel ! Te voila reine !

Impératrice de mon cœur,

Fier prisonnier suis-je, songé-je

Ensoleillé.

Tes yeux,

Etoilés,

Fougueux,

Me dévorent ;

Divins iris,

Devenant bientôt aqueux sous nos étreintes ;

Comme ton corps tressaillant sous mes caresses.

Angesse, te voila gémissant,

Te torturant les lèvres.

Diablesse, Tes yeux bleus,

Sublimes billes océans ;

 Scintillent, luisent, étincellent, flamboient...

 

Nous voila asthmatiques.

Te voila tumultueuse ;

Agitée, troublée,

Turbulente désordonnée,

Mouvementée frénétique, animée,

Confuse, fiévreuse, trépidante.

Te voila lionne,

Te voila sirène,

Te voila tigresse,

Etalée,

Et bientôt,

Ton regard de sultane se perd.

 

Moïse Condé

Le Soleil

 

Le soleil don juan

Le Crépuscule,

Puis la Lune sulfureuse

        

                                                 M.C

Soleil Hirsute

 

 

 

Soleil est beau,

Lorsqu’il s’élève loin des roseaux,

Soleil est grand,

Lorsqu’il veille sur ses enfants,

Soleil est jeune,

Lorsqu’il repend sa fougue

Loin des grabens,

Soleil est sage,

Si après l’orage,

Il repend son doux ramage…

Mais que ton empire n’est qu’un fou !

Pour s’en venir étreindre les hiboux !

Ciel que Soleil est roi ! Que sa seigneurie

Flamboie ! Que Soleil est coi par sa divine

Loi !

Ô que Soleil est chant,

Nimbe du firmament !

Ô

Ô Soleil Hirsute, comme le velours de ta flûte flatte les si hautes huttes !

Soleil est fort !

Voyez qu’Enfers il abhorre !

Ô Soleil hirsute ! Ton sort n’est point la mort !

Car même quand il dort Soleil est d’or !

 

                                                                                         

 

                                                                                                M.C

Hommage à Aimé CESAIRE

 

Ciel! Une bibliothèque c'est volatilisée.

Lui l'enfantin ; le joyeux ; le subtil ; l'excellent, le brillant. Lui qui créa le concept de négritude avec l'immortel Senghor, prônant un amour mélanique à l'infinité.

Lui patriarche en son havre. Lui Phénix surréaliste. Lui mégaphone de l'humanité et sa métonymie même. Bref ! Césaire n'ira peut être pas au Panthéon, mais le panthéon aurait honoré Aimé Césaire, comme Aimé Césaire aurait honoré le Panthéon.

 

M.C

PARADIS

 

 

Des murs blancs, titanesques s’élèvent en sculpture,

Sous les cieux oniriques et leur architecture,

D’immaculés nuages, s’agrègent en armure,

De mélodieux archanges jouent et planent en ceinture,

Quand d’aimantes houris me sourient en pâture,

D’insondables couleuvres s’élèves en peinture,

Puis Pégase véhémentement cette poésie fissure,

« Bienvenue au paradis » un ange me murmure.

 

M.C

Poème des 1001 nuits

 

 

 

 

Dans le palais des contes du lointain orient

Où s’enorgueuillissaient et vizirs et sultans,

Dans le lointain Orient régnait la tyrannie,

Dans le lointain Orient jaillissait les génies,

Dans le lointain  Orient jaillissaient les amants.

Jaillissaient les amants dans le lointain Orient !

La confiance du sang est seule maîtresse,

Face aux femmes d’hommes chasseresses,

Celle qui font des enfants d’Ethiopie,

Et leur nectar et leur ambroisie !

La confiance du sang n’est guère négligeable,

Pour s’en aller conter récits et fables

Aux souverains pour les rendre agréables,

Et que vaut un père triste et ses pleurs

Face à l’imaginaire salvateur ?

La matrice des contes compte mille et une nuits salvatrices,

Sur les très

Grandes

Traces des légendes du trop

Vaste

Orient.

Les hommes portent de trop lourds secrets.

Malheur et solitudes attisent les regrets.

La magie des bestiaires n’agit pas pour le moins,

L’âne, le bovin et le coq en vain !

Par Jupiter ! Mais pourquoi donc les effrits

N’offrent-ils pas aux mortels le sort qu’ils méritent ?

Et pourquoi faut-il les divertir

Pour qu’enfin ils consentent à les laisser partir ?,

Quand ils ne s’offrent pas de ravissantes noces ?!

Chez la princesse divine et son charmant cosmos

 

La loi de Chronos, la magie de Diane, la grâce d’Hélios.

 

La rivière infertile attise la jalousie,

La rivière infertile coupe la courtoisie,

La rivière infertile amène le mensonge

Et plonge

Les cheiks dans les plus sombres songes.

La rivière infertile efface la poésie

Dans les jolis contes de la grande Afrasie !

Que l’on s’émeut du sort affreux de deux chiens malchanceux !

Et le génie au premier lieu !

Hallucination ! Etre capricieux !

Dans l’océan de contes naviguent les pêcheurs.

Que bien triste est leur labeur auprès des poissons !

Comme celui des médecins entachés de soupçons,

Qui passent pour rapaces,

Mais les formules magiques ont à jamais raison,

Chez la princesse divine et son charmant cosmos.

 

La loi de Chronos ! La magie de Diane et le charme d’Hélios.

 

Le silence est mystère, le silence assassine,

La parole libère quand elle n’extermine.

Que vienne le Malin quand les pulsions dominent !

O tristes récits chargés d’hémoglobine !

Que viennent les trios afin que l’on badine,

Que viennent les grands rois afin que l’on dîne.

Que virevolte l’enveloppe des secrets aigres,

Des cyclopes ascètes, des fatmas,

Des chiens nègres,

Le silence est mystère, le silence assassine,

La parole libère quand elle n’extermine.

Que  virevolte l’enveloppe des vastes énigmes,

La mer ! Ses nochers,

La grotte ! Ses rescapés,

Que les contes

Géniaux jusqu’aux aubes

Voyagent !

Ils sont pour Shéhérazade un si précieux ramage !

De bien chers hasards sont les histoires d’ailleurs,

Lorsqu’elles conquièrent,  adoucissent les cœurs !

Alors les rois deviennent bienveillants

Et des étoiles naissent au firmament,

Chez la divine princesse et son charmant cosmos,

 

Bravant la loi de Chronos, dans le charme de Diane, jusqu’aux grâces d’Hélios.

 

Mais génies !

Génies encore une fois pourquoi êtes-vous de si mauvais aloi !

Qu’allez-vous songer ?!

Pour magie aller engager,

Et jeunes femmes venir encager !

Les venir visiter comme le potager,

Et leurs amants en singes changer !

Chez la princesse et son violent cosmos !

 

La loi de Chronos, le charme de Diane, les grâces d’Hélios !

 

Dans le vaste, très vaste

Océan

Flotte mille émerveillements,

Dans le

Vaste,

Très vaste Océan,

Gisent mille enchantements,

Dans le vaste, si vaste

Océan, dorment mille désagréments.

Dorment mille désagréments,

Dans les courants du si vaste Orient !

Sommeillent les génies sous le bleu ciel cyan,

Entre les vents du pareil

Océan !

Le vaste Océan est étendue de fouets,

D’amours dangereuses,

De tragédies radieuses,

Les tragédies radieuses sont celles des sultans,

Des amours dangereuses d’enfants de Canaan,

De félonnes délaissées, enlassant le sang !

Chez la princesse divine et son sanglant cosmos !

 

Les lois de Chronos ! Les rêves de Diane, Les grâces d’Hélios !

 

 

M.C

Mare

 

Ô, belle mer, qui effraye, qui ravit.

Eau, belle mère, de la mort, de la vie.

Infernale quand tu fais de nos terres ton sillon

C’est nous !, et notre œkoumène qui vacillons,

Vaste océan, empereur, beau sire

Ne nous avale pour nous occire

Mer, tu es plus belle quand le ciel est reflet,

Quand tu administre aux rochers tes soufflets.

Tu es douce à nos pieds lorsque tu arrives,

Et que tu lèches les plages de ton abondante salive.

Sublime guerrière ne te fait guère belliciste,

Même si l’homme n’est point écologiste.

Mer toute puissante, tes abysses me font peur,

Anéantir ton capharnaüm est bien triste labeur

Qu’ait pitié de nous Poséidon ton parrain,

Ô mer infinie qui mange les marins !

 

                                                                             M.C

Le vent

 

Le vent,

La terre tremblante,

Et l’éther chamboulé

 

                                     M.C

Ta jupe

 

Ta jupe

Le vent gaulois

Et mon printemps

 

                                M.C

Revenez-y

 

 

Tristes prolégomènes,

Que notre idylle fût roman éternel,

Et non concise nouvelle !

Mon cœur de sable anéanti,

Puisses-tu me revenir indicible désir

Mon cœur est cendrier, mon esprit sablier,

Mienne cendrillon, me reviendras-tu sans prier ?,

Ou faudra-t-il que je me fasse vaudou ?,

Que j’invoque les esprits, en celte, en créole, en zoulou ?

Vivons loin des faubourgs, et près l’un de l’autre

Serais-je ton sauveur, seras-tu mon apôtre

Vivons comme dans un poème

Vivons comme la bohème

Reine mienne, si je t’emmène,

De mon âme dictatrice, laquelle dicte sa loi,

Vénus assassine, ce néologisme est pour toi,

Princesse de mon cœur, du tien, je ne suis plus roi,

Tu t’es envolée, et s’est mon cœur qui déchoit,

Tu nantis mes songes… T’oublier ai-je le choix ?

Me voila gisant en l’océan du désarroi,

J’aimerais monter le cheval de la reconquête,

Mais ton cœur inexpugnable est impossible quête.

Beauté infernale, tu m’as, et à souffrir, et à t’aimer condamné.

Condamné, damné à languir mille années.

 

M.C

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